Une bonne surprise... ou pas !
Comme nombre d'entre-vous, j'ai reçu une information sur la mise en ligne du simulateur d'entretien de l'APEC... sur lequel je viens de me précipiter. Je trouve en effet que l'APEC propose des services sans cesse plus performants, tant pour les recruteurs - j'ai déjà personnellement utilisé avec succès ce canal de recrutement - que pour les candidats.
Les aspects positifs...
Commençons par les aspects positifs : l'intention est manifestement positive, l'interface est fluide, le design sympa et l'ergonomie réussie. Le principe d'avoir plusieurs entrées possibles est "top". Nous pouvons ainsi choisir d'être recruteur ou candidat, jeune déplômé.e, sans emploi ou en activité. Nous pouvons choisir une durée d'entrainement : 5, 10 ou 15 minutes. Mes choix sont faits, c'est parti !
Autre aspect intéressant, la possibilité de switcher, pour chaque question, entre la posture du candidat avec l'analyse des réponses choisies et celle du recruteur qui explique ce qu'il cherche à savoir.
La balade dans les différentes catégories atteste que les différents sujets "classiquement" abordés en entretien de recrutement ont bien été balayés. Tiens, tiens, 2 catégories attirent mon attention : situation personnelle et activité extra-professionnelles...
Des questions qui posent question...
Je croyais que, comme le dit la loi, les questions posées ne pouvaient avoir comme finalité que d'apprécier la capacité du candidat à occuper le poste pour lequel on le reçoit... Ainsi, mais je sais faire souvent polémique en abordant cette question, en quoi la situation personnelle et/ou les activités extra-professionnelles nous renseignent-elles sur la capacité à occuper l'emploi ? C'est d'autant plus troublant que les questions diffèrent selon que l'on déclare être une femme ou un homme...
Intervenant très régulièrement en formation sur le processus de recrutement dans son ensemble, je sais pertinemment que l'art du questionnement est difficile d'une part et que nombre de recruteurs posent des questions souvent... inappropriées et qui non finalement d'autres résultats que de renforcer les stéréotypes. Je trouve donc d'autant plus dommage qu'une institution comme l'APEC encourage indirectement ce type de pratique.
Plus globalement...
Ceci dit, les simulateurs d'entretien posent plus globalement la question de la finalité de l'entretien : est-ce un exercice dans lequel le but serait que le candidat dise au recruteur ce qu'il a envie d'entendre ? Bien sûr que non ! L'objectif est que chacun puisse répondre à la question : cette opportunité représente-t-elle un bon deal, pour les deux parties ? A défaut, l'entretien se révèle trop souvent un grand jeu de dupes... Tout l'enjeu consiste à préparer son questionnement - côté recruteur - en se posant les questions suivantes :
- Qu'est-ce que la réponse me permettra de découvrir, avec un risque limité d'interprétation ?
- En quoi cette indication me renseignera-t-elle sur la capacité du candidat à réussir chez nous ?
- Quelle image du recruteur aurais-je moi-même s'il me posait cette question ?
S'agissant des aspects disons - plus personnels - voici 2 questions que je vous suggère de poser :
- Comment vous organiserez-vous pour intégrer les contraintes (d'horaires, de déplacements...) liées au poste ?
- Au-delà de ce que vous venez de me dire, que pensez-vous utile de rajouter pour que je puisse me faire une idée la plus juste et complète de vous ?
Pierre BULTEL
octobre 2020